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De quoi occuper Séjourné

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ANTHONY LATTIER
Avec ELISA BERTHOLOMEY et SARAH PAILLOU
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Bonjour à tous, nous sommes mardi 17 septembre 2024. Playbook vous l’écrivait hier : officiellement, Emmanuel Macron ne se mêle pas de la composition du gouvernement Barnier. A ceci près qu’il veille depuis l’Elysée à ce que le “rassemblement” autour du Premier ministre soit “le plus large possible” (et notamment à ce que l’ouverture aille jusqu’aux macronistes, pour paraphraser feu Patrick Devedjian). Mais son entourage aussi lance quelques filets : ainsi l’un de ses proches, Thierry Solère, a-t-il sondé l’ancien ministre socialiste du Redressement productif Arnaud Montebourg pour y entrer, a appris Playbook.
Do you agri ? Conseiller officieux d’Emmanuel Macron, Solère, qui a été au coeur des tractations pour le choix du Premier ministre, a parlé à Montebourg, souverainiste transpartisan, du portefeuille de l’Agriculture.
Happy-culteur. Las, les nostalgiques des années Montebourg au gouvernement seront déçus. L’intéressé nous écrivait hier “avoir un merveilleux job [il a investi dans de multiples secteurs, dont le miel] et n’en cherche nullement”. Quant à Thierry Solère, il nous assurait “échanger régulièrement” avec l’ancien socialiste et n’avoir aucun commentaire à faire à ce sujet.
BRETON PUR HEURT. Quand POLITICO dégaine un live-blog, c’est que l’heure est grave. Connectez-vous dès maintenant (ici) : à 9 heures, Ursula von der Leyen présente la composition et l’architecture de sa future Commission pour les cinq prochaines années (sans forcément mettre des noms en face des postes à cause du point d’interrogation slovène, rappelle Brussels Playbook ce matin). Les négociations sur le profil des membres de son équipe et sur leurs portefeuilles ont duré jusqu’à la dernière minute. Et ont fait une victime collatérale : Thierry Breton.
Amer. Alors qu’il avait dans un premier temps défendu le maintien du commissaire français au Marché intérieur, Emmanuel Macron, sous la pression d’Ursula von der Leyen, a décidé à la surprise générale de lui retirer son soutien au dernier moment, hier, et a désigné à sa place Stéphane Séjourné, proche parmi les proches. Thierry Breton a alors annoncé avec fracas sa démission hier matin.
La dent dure. Si Ursula von der Leyen a voulu “buter Breton”, pour reprendre l’expression d’un bon connaisseur des arcanes européennes, c’est que ses relations avec le puissant commissaire français, déjà très mauvaises, se sont fortement dégradées cette année. Rapide rappel : il l’a accusée de favoristime, a fustigé un manque de soutien de son parti, le PPE, a dénoncé son manque de neutralité en étant à la fois présidente de la Commission et candidate à sa réélection puis les deux se sont écharpés sur l’attitude à adopter face à Elon Musk. Mes collègues Nicholas Vinocur, Elisa Braun et Laura Kayali vous retracent l’histoire de ces relations houleuses ici (en anglais).
TSB. Ursula von der Leyen a donc imposé un bras de fer à Macron : “c’était soit Breton avec un portefeuille pourri, soit quelqu’un d’autre et on peut négocier le portefeuille”, poursuivait notre source. “Elle disait en gros : ‘vous prenez n’importe quel candidat.’ C’était tout sauf Breton”, abondait un proche du commissaire sortant, hier. Ce que le Français dénonçait lui-même dans sa lettre de démission.
LE DEAL. Selon plusieurs personnes au fait des négociations, Emmanuel Macron a donc obtenu en échange du retrait de Breton un méga-portefeuille pour Stéphane Séjourné, en plus du titre très convoité de “vice-président exécutif”. L’ex-chef de file des eurodéputés Renew prendrait la tête d’un “cluster” (vocabulaire bruxellois) intitulé “Prospérité et compétitivité”. Il chapeautera plusieurs autres commissaires qui seront en charge de l’économie, des services financiers, de l’union des marchés des capitaux, en plus de son portefeuille personnel du marché intérieur. Vous en apprendrez plus dans ce papier (en anglais) de mes collègues Clea Caulcutt et Elisa Braun.
L’heure de vérité. Mais à Bruxelles, certains doutent de la volonté de von der Leyen de concentrer autant de pouvoir dans un même portefeuille dirigé par un Français. Séjourné héritera-t-il d’un titre ronflant cachant un faible poids politique ? Dans l’équipe Breton, c’est ce que l’on pressent : “Il va se faire bouffer par elle [von der Leyen], c’est ce qu’elle veut. On n’a plus les mêmes leviers. On s’est quand même bien fait avoir.” A surveiller : le nombre de directions générales que Séjourné aura sous sa responsabilité donnera une idée de ses moyens d’action.
UVDL 1 – Macron 0. Beaucoup voient donc dans cet épisode, au cours duquel le président français a cédé aux exigences de la présidente de la Commission, une illustration de la perte d’influence d’Emmanuel Macron à Bruxelles (la presse vous en parle ici et là). “Fondamentalement, von der Leyen a été un peu sous-estimée dans cette affaire”, analysait à froid notre source macroniste citée plus haut.
DOMAINE PAS PARTAGÉ. En revanche, sur le plan intérieur, certains proches du chef de l’Etat y voient une bonne opération. Elle permet notamment à Emmanuel Macron de “réaffirmer son autorité” sur Michel Barnier. “C’est une nomination que le président a fait tout seul. Barnier a été consulté, informé plus exactement, dimanche”, selon l’un d’entre eux.
Macron 1 – Barnier 0. Beaucoup ont d’ailleurs noté que l’annonce de la désignation de Séjourné par l’Elysée a eu lieu un quart d’heure après que l’entourage de Michel Barnier avait fait savoir que le choix du futur commissaire se ferait “en bonne intelligence”.
RUISSELLEMENT. Au vu du grand nombre de ses casquettes, le départ de Séjourné pour Bruxelles a des conséquences en cascade. En résumé, son atterrissage à la Commission libère un ministère, une circonscription et la direction de Renaissance. Rien que ça.
1/ Le Quai. “Michel Barnier n’a jamais caché qu’il n’aimait pas beaucoup Séjourné” et “Macron n’avait pas très envie de se battre pour qu’il reste au gouvernement”, à en croire un proche du président, qui ajoutait : “c’est une sorte de plan social par le haut”. La question est maintenant de savoir si le chef de l’Etat parviendra à imposer un nom à Barnier pour le poste de ministre des Affaires étrangères, censé être de son “domaine réservé”.
2/ La circo. Elu en juillet dernier aux législatives, Séjourné attendra son entrée en fonction à la Commission pour démissionner de son mandat de député, nous faisait savoir l’un de ses conseillers hier. Nul doute que la très bonne circonscription qu’il s’était lui-même octroyée (la 9e des Hauts-de-Seine) suscitera des convoitises. Loïc Signor, conseiller de Séjourné, s’y verrait bien notamment.
3/ Le parti. Le départ de Séjourné pour Bruxelles facilitera-t-il l’organisation du prochain congrès de Renaissance ? Mais si, souvenez-vous, celui qui doit permettre de désigner son successeur à la tête du parti et sur lequel les instances tardent à se pencher… Une chose est sûre : le secrétaire général sortant tient à garder la main. Ainsi écrivait-il, quelques heures après sa nomination, aux présidents des assemblées départementales (les “PAD”, pour les intimes), pour leur préciser qu’il prendrait en principe ses fonctions au mois de décembre mais qu’il aurait, dans l’intervalle, “accompagn(é) le parti jusqu’au congrès”.
Pourquoi ça n’est pas anodin : ledit congrès doit, en théorie, se tenir avant le 30 novembre, mais certains espéraient un report et un intérim, ce que Séjourné semble donc exclure. “Un congrès en novembre, c’est une date de merde”, râlait pourtant un pilier de Renaissance dans la journée, sans grande considération pour nos chastes oreilles. La raison : l’Assemblée sera en plein débat budgétaire et Stéphane Séjourné en pleines auditions pour valider sa nomination comme commissaire européen.
Pour mémoire : seule Elisabeth Borne s’est pour l’instant officiellement portée candidate. Gabriel Attal, qui n’a jamais caché son appétit pour le parti mais ne s’est pas encore déclaré, se contente pour l’instant d’effectuer le tour des rentrées des fédérations départementales. Aux yeux de certains, le départ à venir de Séjourné serait, au passage, un moyen tout trouvé d’éloigner un potentiel allié d’Attal dans la course au parti. “Je ne suis pas sûr que c’était le premier argument, mais le PR est un fin gourmet donc il peut y avoir plusieurs étages au gâteau”, s’amusait ainsi un cadre macroniste en début de soirée.
Refermons ce chapitre par un rappel au règlement : la Commission européenne étant responsable devant le Parlement, les commissaires putatifs seront auditionnés par les eurodéputés, qui peuvent ne pas les confirmer comme c’est déjà arrivé. Il y a cinq ans, trois commissaires potentiels avaient été rejetés par le vote des parlementaires dont la candidate française Sylvie Goulard, remplacée alors par un certain Thierry Breton.
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POUR ET CONTRE À LA FOIS. Le groupe socialiste est passé à deux doigts de faire barrage à la procédure de destitution du président de la République voulue par LFI. La recevabilité de la proposition de résolution est examinée ce matin par le bureau de l’Assemblée nationale. A l’issue d’une réunion interne hier, 32 députés socialistes ont jugé qu’il fallait voter pour la recevabilité, 28 ont jugé qu’il fallait voter contre.
Mais attention, accrochez-vous : les socialistes s’opposent toujours, sur le fond, à la destitution du chef de l’Etat et voteront donc contre celle-ci lors de son examen dans l’hémicycle. Résumé de la position par le député Arthur Delaporte, joint par Playbook : l’idée de destituer le président “n’a aucun sens” à ses yeux, mais les socialistes veulent permettre un débat sur ce sujet et donc que le texte soit examiné. Delaporte se justifiait en affirmant aussi que le bureau de l’Assemblée n’est pas le lieu où trancher ce débat sur le fond.
Lecture politique différente offerte par un opposant macroniste : en ne s’opposant pas à l’examen du texte de LFI, les socialistes “continuent de se coucher devant Mathilde Panot et Jean-Luc Mélenchon”. A ceci près que le vote révèle un groupe PS coupé en deux. “Pour le moment Olivier Faure [qui défend une ligne très pro-NFP] gagne encore mais pas de beaucoup”, selon le même.
De la décision des socialistes dépendait l’avenir de la proposition Insoumise. Les représentants des quatre partis du NFP ont désormais la majorité au bureau de l’Assemblée (12 sièges sur 22). Or, les élus communistes, écologistes et bien sûr Insoumis devraient voter pour la recevabilité.
FAUSSE JOIE. Eric Coquerel et Charles de Courson se réveillent ce matin sans les lettres plafonds qu’ils réclamaient à cor et à cri à Michel Barnier. Le duo de la commission des Finances y a pourtant cru puisque Matignon avait fait savoir au Parisien que ces documents qui fixent les montants des crédits et emplois de chaque ministère, leur seraient transmis “en fin de matinée” hier. Signe de la “bonne volonté” et du désir de Michel Barnier de “travailler en confiance” avec le Parlement, ajoutait même le cabinet du PM, manifestement la fleur au fusil.
Après ce rétropédalage, Matignon n’a finalement envoyé qu’un simple courrier au binôme — ainsi qu’à Claude Raynal et Jean-François Husson côté Sénat — tard hier soir. La missive souligne que le PM souhaite d’abord faire sa déclaration de politique générale “dont le budget constituera une déclinaison”, et que les parlementaires recevront en fin de semaine, un document se rapprochant du tiré à part qui synthétise les prévisions de dépenses de l’Etat pour son projet de budget 2025, a appris mon collègue Paul de Villepin auprès d’une cheville ouvrière du PLF.
Perquiz ou débandade ? Le tandem Courson-Coquerel, qui menaçaient de sonner à la porte de Matignon pour se saisir des documents, doit désormais décider s’il passera à l’acte ou jouera la carte de la conciliation.
Michel Barnier reçoit Fabien Roussel, Cécile Cukierman et Stéphane Peu à Matignon à 16h30. Stéphane Séjourné est en déplacement en Moldavie. Il s’entretient notamment avec Gabrielius Landsbergis, son homologue lituanien, Mihai Popsoi, son homologue moldave et Dorin Recean, Premier ministre moldave. Sébastien Lecornu est à Rome pour la conférence sur la défense aérienne en Europe. 
Yaël Braun-Pivet inaugure l’exposition “Dix femmes en or à l’Assemblée nationale” en compagnie d’Anne Hidalgo. Elle s’entretient aussi avec plusieurs députés, successivement Florent Boudié, Paul Christophe et Sandrine Le Feur.
Gérard Larcher participe à la remise de la médaille de l’amitié arménienne par Hasmik Tolmadjyan, ambassadrice d’Arménie en France, à Pierre Ouzoulias et François-Xavier Bellamy à 19 heures. 
Assemblée nationale : réunion du bureau à 9h30. Audition de Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la Francophonie par la commission des Affaires étrangères à 16h30. Audition d’Inès-Claire Mercereau, présidente de la deuxième chambre de la Cour des comptes par la commission des Finances de l’Assemblée nationale à 17 heures. 
Sénat : conférence des présidents à 17 heures. Conférence de presse de la délégation sénatoriale aux outre-mer concernant leur rapport intitulé “la coopération régionale : clé d’avenir pour les outre-mer ?”. 
David Lisnard et André Laignel prennent la parole pour la conférence de rentrée de l’AMF à 11 heures.
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7h15. France 2 : Frédéric Groux, psychologue de l’enfant.
7h30. Public Sénat : Jean-François Husson, sénateur LR de Meurthe-et-Moselle.   
7h40. TF1 : Richard Ramos, député MoDem du Loiret … France 2 : Eric Woerth, député EPR de l’Oise … RTL : Céline Berthon, directrice générale de la DGSI … RMC : Emilie Philippe, éducatrice de jeunes enfants et porte-parole du collectif “Pas de bébés à la consigne”.   
7h45. Franceinfo : Benjamin Haddad, député EPR de Paris … Radio J : Constance Le Grip, députée EPR des Hauts-de-Seine.  
7h50. France Inter : Teddy Riner, judoka français. 
8h00. Public Sénat : Julien Aubert, vice-président de LR.  
8h10. Europe 1/CNEWS : Marie-Hélène Thoraval, maire DVD de Romans-sur-Isère. 
8h15. France 2 : Pascal Blanchard, historien, auteur d’un rapport sur la diversité des noms de rues … Radio Classique : Amy Greene, enseignante et spécialiste de la politique américaine … RMC :  Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot.
8h20. France Inter : Victor Castanet, journaliste, auteur de l’enquête “Les ogres” … RFI : Anwar Abu Eisheh, ancien ministre de la Culture de l’Autorité palestinienne, professeur de droit.   
8h30. Franceinfo : Manuel Bompard, coordinateur national de LFI … BFMTV/RMC : Natacha Bouchart, maire DVD de Calais … Sud Radio : Sandrine Rousseau, députée ES de Paris … LCI : Maud Bregeon, députée EPR des Hauts-de-Seine. 
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Exclu : l’Ania allonge la DLC de son amende XXL … Prochain ministre du Numérique : les usual suspects de sortie … La campagne anticontrefaçon des cigarettiers prête à dérouler … Inoxtag prend Delaporte. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Le cabinet de Michel Barnier se garnit avec les nominations de Marie Conciatori (cheffe adjointe de cabinet), Caroline Ferrari (conseillère diplomatique), Emmanuel Puisais-Jauvin (conseiller affaires européennes), François Cornut-Gentille (conseiller défense), Simon Babre (conseiller intérieur), Simon Chassard (conseiller territoires), Frédéric Joram (conseiller outre-mer), Paul Teboul (conseiller économie, finances, industrie et entreprises), Vincent Le Biez (conseiller environnement), Michel Stoumboff (conseiller agriculture et alimentation), Richard Laganier (conseiller éducation, enseignement supérieur et recherche) et Magali Valente (conseillère culture).
MÉTÉO. Du soleil au-dessus de l’Elysée, que certains chanceux réactifs pourront visiter vendredi et samedi pour les journées du Patrimoine. 
ANNIVERSAIRES : Claire Pitollat, ancienne députée Renaissance des Bouches-du-Rhône … Annie Vidal, députée EPR de la Seine-Maritime … Corinne Féret, sénatrice SER du Calvados … Marianne Margaté, sénatrice CRCE-K de Seine-et-Marne.
PLAYLIST. Marianne Faithfull chantant The Crane Wife 3 (avec Nick Cave)
Un grand merci à: Clea Caulcutt, Elisa Braun, Paul de Villepin, nos éditeurs Matthieu Verrier et  Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Dean Southwell pour la mise en ligne.
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